Accueil Société Réforme et animation de la vie scolaire: Revenir aux fondamentaux

Réforme et animation de la vie scolaire: Revenir aux fondamentaux

Des débats interminables se sont tenus au cours de ces années pour fixer les grandes orientations de la réforme de l’éducation et ont engagé quasiment tous les intervenants, voire des parties qui n’avaient rien à voir avec ce projet. Arrivé à un stade très avancé, tout le processus a été mis en veilleuse.


La question de la réforme du système éducatif refait surface chaque fois qu’il y a une crise. Aujourd’hui, on pense qu’il y a urgence. Mais faut-il pour autant se faire quelques illusions sur le sérieux des décideurs à franchir le pas et à amorcer le processus menant à cette réforme ?

A franchement parler, il n’y a aucune garantie dans ce sens. Tout au plus, pourra-t-on faire des propositions et quelques discours sans la moindre importance sans, toutefois, réaliser quoi que ce soit de concret. On peut se demander, alors, pourquoi rencontre-t-on autant d’obstacles et de blocages pour aller de l’avant dans un véritable programme de réforme ?

Les diagnostics ont été établis

Il faut, tout d’abord, noter l’absence de volonté politique chez les gouvernants durant les années passées. Pourtant, entre 2016 et 2018, on était très proche d’un projet complet de restructuration du système éducatif aussi bien dans les différents niveaux (primaires, secondaires) que dans le supérieur.

Des débats interminables se sont tenus au cours de ces années pour fixer les grandes orientations de cette réforme et ont engagé quasiment tous les intervenants, voire des parties qui n’avaient rien à voir avec ce projet. Arrivé à un stade très avancé, tout le processus a été mis en veilleuse. Actuellement, les livres “blancs” traitant de ce volet dorment tranquillement dans des tiroirs. Des centaines de millions de millimes ont été dépensés pour organiser de tels débats et rencontres entre spécialistes. Mais, malheureusement, des mains “habiles” ont réussi à tout chapeauter à la dernière minute.

Durant ces années, les freins politiques, idéologiques et les calculs mesquins ont fait que tout le travail tombe à l’eau et les recommandations élaborées ne voient pas le jour.

Si on revient à cette idée de réforme après les douloureux événements que connaît l’école, c’est parce que certains pensent que c’est à travers cette voie qu’il y a un salut.

Apparemment, il y a une logique dans cette option. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer les forces réactionnaires qui guettent toute initiative visant à apporter des changements au système en place. Le pourrissement en cours les arrange et leur permet une constante ingérence dans toutes les affaires concernant les programmes, les décisions et les orientations.

En somme, l’heure de la vraie réforme n’a pas, encore, sonné pour eux. Il faudra attendre bien longtemps avant d’aboutir. Aussi, faudra-t-il, un jour, un passage en force. Tous ceux, qui croient avoir un droit de regard sur l’enseignement en Tunisie, doivent se plier à une volonté politique inébranlable qui est, seule, habilitée à agir et à concevoir les orientations essentielles. Les contributions sincères et sans arrière-pensées seront les bienvenues. Autrement, tous les intrus sont appelés à laisser leurs places aux pédagogues et aux autres spécialistes en la matière. Et, heureusement, ils sont très nombreux chez nous.

Rapports d’entente et d’amitié

En tout état de cause, il ne serait pas bon de rester les bras croisés dans l’attente que les lignes bougent et qu’on parvienne à des solutions radicales. L’urgence actuelle nous impose d’agir vite et d’adopter des mesures concrètes, susceptibles de changer la donne sur le terrain.

Sur ce point, tout le monde a noté que notre école se détache, de plus en plus, de son environnement et qu’elle entretient, même, avec ce milieu des rapports d’hostilité et de rejet. C’est ce qui occasionne ces frictions continues entre les divers acteurs scolaires et les parents, d’une part et avec les élèves, d’autre part.

Pour y remédier, au plus vite, l’institution éducative est invitée à se prendre en charge et à adopter un nouveau profil. Nous n’avons cessé, à travers nos écrits, de tirer la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des responsables sur les manquements et les défaillances qui dressent des barrières infranchissables entre les différents intervenants.

Un manque flagrant de communication est perceptible entre eux. L’incompréhension est totale. On ne s’écoute pas. A commencer par l’enseignant. Ce dernier n’a pas de rapports directs avec ses élèves. Le seul rapport qui existe, c’est celui de dispenser un cours et de partir. Cette verticalité est très nuisible, dans la mesure où elle ne crée aucun lien d’affection ou de proximité entre les deux parties. On constate, à ce sujet, des anomalies étranges. Des élèves qui passent toute l’année sans connaître le nom de leurs professeurs ! Tout simplement, parce que ce dernier ne s’est pas présenté lors de l’ouverture de l’année scolaire. L’administration ne fait aucun effort dans ce sens, croyant que ce ne sont que des futilités. Pourtant, l’élève a besoin de ces informations pour se sentir en famille.

On peut penser, ici, qu’il y a un travail de longue haleine à entreprendre pour former les enseignants à se comporter avec leurs jeunes vis-à-vis. Des actions allant dans ce sens pourraient être organisées dans le cadre des cycles de formation et de recyclage qui ont diminué ces dernières années.

A cet effet, des psychologues et des sociologues donneraient des formations appropriées à ces enseignants pour les aider à mieux se comporter avec leur entourage et éviter d’éventuels conflits liés, généralement, à des malentendus. Car, on sent que le courant passe très mal entre l’élève et son professeur.   Par ailleurs, les enseignants et toute la famille éducative ont un rôle essentiel pour créer un climat d’entente et de confiance, en communiquant toutes les informations concernant la vie scolaire, en général, et la vie de l’établissement, en particulier.

En outre, il y a lieu de revenir progressivement aux activités culturelles d’antan. A commencer, par exemple, par le cinéma. Pourquoi n’existe-t-il aucune initiative dans ce sens. On ne projette plus de films dans nos établissements scolaires. Les dernières JCC ont pensé, certes, aux prisons et aux casernes (pour des raisons que tout le monde comprend), mais elles ont complètement oublié les institutions d’enseignement. Or, il faut savoir qu’une grande majorité de nos enfants ne sont jamais allés au cinéma et qu’ils n’ont jamais vu un grand écran !

Tout cela ne coûte presque rien. Nos ciné-clubs si actifs, il y a quelques années, doivent reprendre du service et aller dans toutes les régions pour contribuer à supprimer cet état d’abrutissement, d’obscurantisme et de léthargie qui s’est emparé de nos jeunes.

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